Malaise après un appel contre le "racisme anti-blanc"
Suite aux articles que j'avais posté sur les mannifs lycéennes... :
"par Blandine Grosjean, samedi 26 mars 2005 (Liberation - 06:00)
http://www.liberation.fr/page.php?Article=285317
Un appel dénonçant des «ratonnades anti-Blancs» lors des récentes manifestations lycéennes a été lancé vendredi à l'initiative du mouvement de jeunesse sioniste progressiste Hachomer Hatzaïr et de Radio Shalom. Aux côtés d'un millier de lycéens, sept personnalités ont signé: le théologien musulman Galheb Bencheikh, le cinéaste Elie Chouraqui, l'écrivain d'origine iranienne Chahdortt Djavann (auteur de Bas les voiles), l'éditorialiste Jacques Julliard, l'ancien ministre Bernard Kouchner, le chercheur Pierre-André Taguieff, qui a écrit en 2002 la Nouvelle Judéophobie et le philosophe Alain Finkielkraut.
Terrain miné. «Il y a deux ans, quatre jeunes du mouvement Hachomer venaient de se faire agresser en marge d'une manifestation contre la guerre en Irak parce qu'ils étaient juifs, écrivent les pétitionnaires. La mobilisation avait été formidable. Aujourd'hui les manifestations lycéennes sont devenues, pour certains, le prétexte à ce qu'on peut appeler des "ratonnades anti-Blancs". Des lycéens, souvent seuls, sont jetés au sol, battus, volés et leurs agresseurs affirment, le sourire aux lèvres : "Parce qu'ils sont français." Ceci est un nouvel appel parce que nous ne voulons pas l'accepter et parce que pour nous, David, Kader et Sébastien ont le même droit à la dignité.» Conscients d'être en terrain miné, les rédacteurs ajoutent : «Ecrire ce genre de texte est difficile parce que les victimes sont kidnappées par l'extrême droite. Il ne s'agit pas pour nous de stigmatiser une population. A nos yeux, il s'agit d'une question d'équité. On a parlé de David, on a parlé de Kader, mais qui parle de Sébastien ?»
En présentant leur initiative, Yoni Smadja (Hachomer) et Bernard Abouaf (Radio Shalom) ont tenu à affirmer, quitte à afficher une certaine naïveté, qu'il s'agissait «juste de parler de ce dont on ne parle jamais, point barre», en rapportant des incidents, symptomatiques, selon eux, de ce «bouillonnement raciste anti-Français». «Yoni était rue des Rosiers, raconte Bernard Abouaf. Un Noir lui demande son portable pour envoyer un SMS. Yoni refuse, l'autre l'a traité de "sale Blanc, sale Français, sale bouffon".» Il poursuit : «Hier encore on hésitait : peut-être qu'on fantasme, qu'on en rajoute, il faut faire attention, la France n'est pas à feu et à sang. Mais le dernier service qu'on ne veut pas rendre au Front national, c'est de ne pas défendre Sébastien.»
Yoni Smadja explique que les images de lycéens agressés par ce qu'on qualifie désormais de «cailleras» (racailles en verlan) l'ont «choqué» et ont réveillé une «peur diffuse, la peur que la haine envers les Français s'aggrave», les violences subies par des «Français» faisant écho aux agressions antisémites. Pour Smadja et Abouaf, «il ne s'agit pas d'une contre-offensive à Dieudonné», le second refusant même de faire le parallèle entre le «nouvel antisémitisme» et ce racisme «anti-Français».
A leurs côtés, Alain Finkielkraut dénonce ce «mouvement de haine, une francophobie qui englobe les juifs et les Français», estimant que judéophobie, antisémitisme musulman et francophobie se répandent : «Une nouvelle cible apparaît, le Français à l'oeil nu, victime du délit de faciès.» Le philosophe met en cause des intellectuels de gauche, dont l'un, le sociologue Laurent Mucchielli, qui a analysé ces violences comme l'expression d'une haine sociale. «C'est toujours social, ça va avec le social !» s'énerve Finkielkraut, avant de faire part de son inquiétude : «Il s'agit d'intégrer dans une France qui ne s'aime pas des gens qui n'aiment pas la France. Alors que la France est aimable, ce n'est pas seulement la colonisation, l'esclavagisme et Vichy. Il y a un ressentiment monstrueux qui s'élève et sera fatal à ceux qui l'expriment», prédit-il. «C'est Farrakhan qui nous pend au nez», a-t-il conclu, en faisant référence au leader américain du mouvement raciste noir Nation of Islam.
Fracture. L'Unef (Union nationale des étudiants de France) a été la première à réagir. «Il est faux d'affirmer que ces violences aient eu d'abord un caractère raciste. Elles sont avant tout le reflet du malaise social et d'une fracture qui se creuse entre lycées de banlieue et de centre-ville», a déclaré le syndicat étudiant, qui a tenté d'assurer la sécurité des manifestants. Le président du Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) et celui de la LDH (Ligue des droits de l'homme) ont jugé cet appel «irresponsable» : «Il est réducteur de qualifier de racistes ces incidents. Cela transpire le mépris à l'égard de certaines couches sociales. La haine sociale n'est pas acceptable mais en focalisant sur le racisme, on se ferme toute possibilité de comprendre», a expliqué Michel Tubiana, pour la LDH. Serge Romano, président du Comité marche du 23 mai, luttant pour la reconnaissance des torts subis par les esclaves, juge l'appel «inacceptable car il prend l'allure d'un affrontement Blancs-Noirs», mais reconnaît que ces jeunes «sont venus casser du Blanc». En revanche Yonathan Arfi, le président de l'UEJF (Union des Etudiants juifs de France), a estimé que la problématique de l'appel était «juste». «Nous sommes dans une société fragmentée, en voie de tribalisation», déplore pour sa part Patrick Klugman, vice président de SOS Racisme."
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Qui a raison qui a tort ? J'ai pas mal parlé de ces évènements avec différents personnes, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on est tous perplexes. Il y a un racisme anti blanc, c'est certain, mais il est créé à mon avis par les conditions de vie (misère financière (=> rancoeur, jalousie), perte des repères culturels, machisme dans toute sa splendeur etc)...
Alors, comment changer cela ? Rétablir une justice sociale, facile à dire. Comment ? C'est là que je calle.
Augmenter les crédits pour ces lycées, ça peut aider, mais à mon avis, ça ne résoudra pas le problème, car l'école seule ne peut pas s'occuper d'élever les jeunes et de leur donner une vision pour leur vie. Lorsque je parle d'activités culturelles dans des MJC ou autre, on me répond "mais tu crois quoi ?! qui va là dedans à ton avis ?"
Comment apporter des idéaux et un sens à la vie de personnes qui dans leur vécu, n'ont aucune raison d'y croire une seconde ?
A mon avis, il y a une solution, mais complètement impossible à appliquer "politiquement"... Croire en un Dieu d'amour et de justice (l'un étant indispensable à l'autre, sinon, Dieu devient, soit horrible, soit imprévisible et lunatique) apporte un sens à la vie, des idéaux positifs basés sur quelque chose de solide... Si on a ça, on peut "survivre" partout, et être actif pour le changement.
Mais comme c'est personnel, c'est évidemment une solution qui n'en est pas une. On peut tjrs parler de ce qu'on croit aux gens, mais ce sera une démarche individuelle, et certainement pas politique (heureusement d'ailleurs !! 1905, séparation de l'église et de l'état, un acquis à ne pas remettre en question)...
Bref, d'autres idées ?!!