Esthétique de la déchéance
Il y a 3 mois, j'ai lu "women" de Bukowski. Ca parle d'un vieux poète, moche, alcoolique et paresseux, qui passe son temps à niquer, boire, et écrire. Ce livre décrit merveilleusement bien cet étrange mode de vie où toutes les valeurs habituellement positives sont niées.
Il est dégeulasse, et il le vaut bien.
On en arrive presque à ressentir une sorte d'attrait pour la mocheté, le dégueu, le pas'd'sens.
Je n'évoquerai pas l'homophobie latente, ni le sexisme déboussolant. C'est d'ailleurs le pire : ce n'est pas vraiment sexiste.
Ou plutôt si, parlons de ce sexisme. Le narrateur est sexiste, mais pas vraiment, les femmes jouant complètement le jeu, actrices de l'histoire, et non passives.
Ce livre décrit en fait une certaine hétérosexualité que je trouve sexiste.
La femme est inévitablement féminine, et c'est cette féminité, l'essence même de la femme, qui la rend attirante.
Cette hétérosexualité implique une différenciation extrème des genres. Tout dans le corps des protagonistes est prétexte à cette différenciation. L'homme pénétrant, éjaculant, la femme pénétrée, mouillant.
Son pénis, sa chatte, son clitoris.
Rien que de trés normal.
Vraiment ?
Une scène dans le bouquin pourtant boulverse cet ordre des choses : lorsqu'une femme le chevauche et mène la danse.
Il est passif ! Passif !
Mais c'est bien sûr ! C'est là que la réalité nous saute à la figure : les modes de baiser hétéros médiatisés ne sont pas les seuls !
(bon, je ne veux pas faire mon experte es en baise hétéro, ce serait déplacé, n'empèche que je suis sûre d'avoir raison. Il y a bien plus de possibilités que ce que les médias veulent bien nous faire croire).
Finalement, après avoir lu ce bouquin, j'ai bien compris que les hétéros pourraient avoir un impact terrible dans la queerisation de la société. Parce que bon, des transpédégouines queer, ça ne va pas de soi certes, mais tout de même, ce ne sont surement pas nous qui réussirons à transformer les codes des genres (et donc les modes de sexualités) en profondeur. Tout simplement parce que nous ne sommes pas assez nombreuses. Et puis on est des transpédégouines (donc marginaux, qu'on le veuille ou non).
Il faut donc rallier nos amis les hétéros, et là le combat deviendra vraiment cohérent (et a une chance d'être plus visible).
>> edit post-publication : le titre n'a finalement plus rien à voir avec l'article... Mais comme il sonne bien, je vais le laisser. Autre titre si vous préférez : DE LA QUEERISATION DES HETEROS