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Chez la Fée
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25 mars 2005

Présentation du collectif Hommes contre le patriarcat

    

Chose promise cose dûe, je vous mets tout l'article :
Hommes contre le patriarcat


"Qui nous sommes...                            

Le collectif Hommes contre le patriarcat est un groupe affinitaire pro-féministe radical, contre le patriarcat et la différenciation sexuelle/genrée, dans une perspective anti-capitaliste, anti-État, anti-racisme; bref contre tous les systèmes d’oppression.

Principes et objectifs
Nous reconnaissons la lutte féministe comme une lutte de classe et de libération des femmes et constatons donc qu’elle appartient en tous points aux femmes. Nous croyons de notre devoir d’appuyer les militantes féministes, en mesure des désirs et particularités des différents groupes et individues avec qui nous auront tissé des liens, et que cet appui nous mène plus particulièrement à intervenir au sein de notre classe, soit auprès des hommes. Nous souhaitons mater les groupes masculinistes dans leur désir de lutter contre le féminisme ainsi que dans leur désir d’embrigader les hommes dans l’identité masculine, et ce par tous les moyens nécessaires. Nous désirons également appliquer des changements radicaux dans nos vies dites privées, dans nos comportements et attitudes, afin d’en éliminer les manifestations sexistes, patriarcales. Nous ne voyons pas de limites à ces changements, les considérons comme libérateurs, et prônons l’intervention systématique par rapport aux comportements observés, même si nous reconnaissons que le rythme de ces changements ne doit pas nuire à notre condition psychologique et que les pressions exercées doivent demeurer respectueuses des individus, dans la mesure où il y a bel et bien reconnaissance de la problématique et surtout volonté de changement.

Nous ne sommes pas des militants de l’identité masculine, ou autrement dit, des militants masculinistes. Le terme « masculinisme », opposé directement au terme « féminisme », implique selon nous un désir de libération du masculin dans les conditions sociales actuelles et dans le rapport de classes sexuées, donc une consolidation du pouvoir masculin sur les femmes. Nous ne revendiquons pas l’affirmation d’une identité masculine, même renouvelée, puisque ceci correspondrait à souhaiter le maintien de la dichotomie hommes-femmes, basée sur de fausses prémisses naturalistes. Nous croyons au projet d’indifférenciation sexuelle, mais en tant que finalité et non en tant que projet immédiat. Des revendications purement égalitaristes, dans l’état actuel des choses, consisteraient à nier les luttes de classe féministes et à assimiler la société complète, hommes et femmes, à la norme masculine dans laquelle les femmes occuperaient systématiquement le bas de l’échelle sociale. « Le traitement égalitaire d’êtres inégalement situés ne génère que plus d’inégalité »1. Nous croyons donc que la lutte pour l’indifférenciation sexuelle doit succéder à une réussite substantielle de la lutte féministe radicale.

 

Nous ne nous définissons pas comme « opprimés » par le Patriarcat. Nous faisons partie de la classe sexuée dominante masculine et bénéficions des privilèges sociaux accordés aux hommes, tout comme nous participons à divers degrés à l’oppression des femmes. Si notre désir de nous départir de ce pouvoir et de lutter contre le système à sa source, tout comme toute divergence de la norme pour un homme, provoque une certaine répression de la part de la classe masculine, cette répression est plutôt liée à un processus de rupture de classe, de trahison, et ne peut être comparée à l’oppression vécue systématiquement par les femmes au quotidien. Cette répression/consolidation par le patriarcat sur les comportements masculins limite les possibilités liées à l’autodétermination identitaire de l’individu de sexe masculin (et féminin) ce face à quoi nous trouvons un intérêt matériel, et non seulement humaniste, dans la lutte contre le patriarcat. Nous revendiquons le droit de ne plus être oppresseur, de ne plus servir le patriarcat et de ne plus en bénéficier, de ne plus se faire assigner un rôle, un discours et de faux intérêts.

 

Un axe important de ce pouvoir patriarcal se retrouve dans le rapport hétérosexuel imposé. Non seulement il nous garantit l’accès aux femmes : notre pouvoir sur le corps des femmes est inscrit dans toute relation sexuelle hétérosexuelle. Le potentiel d’être géniteur nous accorde le droit de co-décider du devenir du corps et de la vie complète des femmes via le choix de la grossesse et de la parentalité, donc concrètement d’apposer notre droit de veto sur les choix de toute femme hétérosexuelle. Nous refusons ce pouvoir et sommes bien entendu pour le libre choix de l’interruption ou de la poursuite de toute grossesse par les femmes et ce sans aucune intervention masculine ou tierce non explicitement demandée. Le fœtus fait partie du corps de la femme et notre rôle doit en être un de support face à ce travail non-rémunéré qu’est la grossesse. Nous ne possédons aucun droit face à ce fœtus. Nous reconnaissons à la future mère le droit de refuser la paternité à tout géniteur. Notre paternité ne doit être que sociale et doit se faire sous le signe indifférencié sexuellement de parentalité; l’image spécifique de parents sexués ne servant que de modèles masculins et féminins permettant l’identification sexuelle et la reproduction perpétuelle de la différence sexuelle chez les enfants.

 

Nous assumons le partage égal des responsabilités face à un enfant, même si le géniteur ne souhaite pas à priori la parentalité. Nous croyons qu’il serait toutefois souhaitable que ces responsabilités, dans ce cas, soit éventuellement prises en charge par la société, par un réseau de ressources matérielles et d’entraide, qui différencierait la parentalité biologique de la parentalité sociale, non placée sous le signe de l’hétérosexualité forcée et des rapports de domination, mais plutôt sous celui de responsabilité. Ceci permettrait de rompre le lien nécessaire entre la mère et un géniteur masculin dont elle ne souhaite peut-être pas la présence ultérieure forcée, de laisser libre champ à la parentalité homosexuelle et à la responsabilisation sociale plutôt que biologique; en précisant que cette déresponsabilition des parents géniteurs ne pourrait survenir que dans un contexte social idéal.

 

Notre lutte contre le patriarcat s'inscrit également dans le cadre d'une lutte globale contre l'ensemble des formes d'oppression. Ainsi, nous considérons que le capitalisme, l'État, le racisme sont oppressifs. Le capitalisme étant un système qui exploite les salariéEs au profit des patrons (bourgeoisie), l'État étant l'outil de domination politique et idéologique des classes dominantes sur des classes dominées, et donc des hommes sur les femmes. Par la violence "légale" de l'armée et de la police, il impose la volonté des dominants alors que par ses instruments idéologiques (médias, école, religion), il acquiert le consentement des dominéEs, comme il généralise, naturalise et institutionnalise les bases du patriarcat. Le racisme étant quant à lui la prétention de la supériorité d'une race sur d'autres, fondée sur la pensée de la différence comme pour les rapports de sexe/genre, et servant souvent l'occidentalo-centrisme et l'impérialisme des nations du centre au dépend de la périphérie. Tous ces systèmes d’oppressions touchent plus spécifiquement les femmes, de par leur condition déjà précaire et sur-dominée à l’intérieur de chacune des classes dominées, ce qui leur vaut une double voire triple oppression

 

Notre mode d’organisation, fortement inspiré de groupes féministes, consiste en un regroupement affinitaire sur le modèle de « cellule » autogérée. Nous voulons ainsi nous concentrer sur le discours, qui se doit d’être radical et révolutionnaire, et favoriser le développement d’une idéologie bien tissée, dans le but de participer activement aux débats sociaux liés aux questions de rapports de sexe-genre et de provoquer des débats politiques, des remises en questions radicales et de troubler l’hégémonie masculiniste et leurs tenants. Nous voulons donc restreindre notre nombre afin de ne pas niveler le discours vers le bas, de ne pas monopoliser toutes nos énergies militantes à convaincre les individus désirant adhérer au groupe du bien fondé de notre plate-forme. Nous pourrons ainsi nous concentrer sur l’action et l’agitation politique et surtout éviter à tout prix de devenir une vitrine déculpabilisante et de certification opportuniste d’une pseudo implication pro-féministe pour les mâles opportunistes présents en grand nombre dans les organisations de gauche, et éviter d’être noyautés par des militants à tendances masculinistes. Bref, nous ne désirons pas être des certificateurs de bonne conduite sexuelle et demeurons tous dignes de critiques et désireux de changements personnels. Nous sommes pour la révolution permanente des mentalités et des comportements, comme des structures sociales. Nous essayons d’éviter dans notre fonctionnement les pièges de la « langue macho » et d’être cohérents avec nos principes politiques de respect, de non-compétition. Toutes nos décisions se prennent au consensus.

 

Nous agissons principalement sur notre milieu immédiat par des activités, rencontres, etc., de manière ponctuelle. Nos principales activités se résument actuellement à la production de tracts proféministes lors de diverses manifestations et l’élaboration d’un atelier critique sur le masculinisme, ainsi que de diverses interventions publiques. Divers ateliers, dont certains en collaborations avec des féministes radicales, sont projetés pour l’automne 2003. Nous tentons de tisser autant de liens que possible avec les groupes et individues féministes, principalement des féministes radicales, et tentons d’assurer une certaine redevabilité versus leurs objectifs : plusieurs moyens d’assurer cet ancrage avec leurs plans d’actions restent encore à développer."

 

© Hommes contre le Patriarcat, 2004.

 

1 Martin Dufresne et Hélène Palma, Autorité parentale conjointe : le retour à la loi du père, dans Nouvelles Questions Féministes, Vol. 21, no 2, Lausanne, Suisse, 2002

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