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Chez la Fée
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6 avril 2005

Cerveau Sexe & Pouvoir

"Cerveau Sexe et Pouvoir" un livre de la neurobiologiste Catherine vidal qui s'attaque avec brio aux vieilles croyances quant à la différence entre le cerveau des hommes et celui des femmes. Cet ouvrage s'adresse à un large public avec des études de neurobiologie franchement béton (j'ai un DESS de neuropsychopharmacologie, si c'était des conneries, j'vous l'aurais dit!!). Bon en fait, le mieux est de le lire car chaque passage est à souligner. En plus l'écriture est agréable, l'humour allège les notions de neurobiologie... un vrai régal. C'est pourquoi, j'ai décidé de vous en écrire quelques passages absolument terribles!!!

Arf je tenterais bien une version en allemand mais hahaha!!! ça risque d'être de la haute voltige en plus je ne trouve plus mon harraps et à la place j'ai un vieux truc tout pourri datant de la préhistoire. bon allez, je me lance! houhouhouh hahaha!!!
"Gehirn, Geschlecht und Vermögen" ein buch von die nervebiologist Catherine Vidal. Ouais non c'est trop galère là, je ne me rappelle plus des déclinaisons!!! Entschuldigung aber ich weiss nicht mehr Deutch schreiben...:o))))

Alors voici un extrait que j'ai choisi de l'avant propos de ce livre dont l'auteur, Maurice Godelier, se présente en tant qu'anthropologue (en fait il est aussi directeur d'études à l'école des hautes études en sciences sociales et est également médaille d'or du CNRS... respect le gars).
Il s'agit de deux expériences de conditionnement dans une tribu existant en nouvelle Guinée: les Baruya. Maurice Godelier débarque en 1967 et relate ces observations...

"En 1967, j'étais arrivé parmi les Baruya, une tribu de l'intérieur de la Nouvelle-Guinée qui avait vu son premier blanc, un médecin, en 1951 et était passé en 1960 sous contrôle militaire et administratif de l'Etat colonial australien. En 1951, les Baruya venaient à peine d'abandonner leurs outils de pierre après avoir échangé du sel qu'ils produisaient contre des outils d'acier que leur vendaient des tribus vivant plus au sud qui étaient en contact depuis plusieurs années avec des blancs. Leur façon de compter alors était simple. Ils se servaient des dix doigts des mains et des pieds qu'ils additionnaient autant de fois que nécessaire pour dénombrer les gens et les choses. A la suite des militaires et des fonctionnaires australiens étaient arrivés des missionnaires allemands luthériens pour les convertir au (vrai) Dieu des Chrétiens. Ils avaient également entrepris de leur apprendre à lire, écrire et compter en créant une école primaire. Des garçons et même quelques filles y avaient été envoyés par leurs parents, les autres enfants continuant à être élevés de façon traditionnelle, les garçons dans les maisons des hommes où on les entrainait à la guerre et on les initiait aux grands mythes baruya et aux secrets des hommes, les filles au sein de leurs familles et de leur village.
Au bout de trois ou quatre ans, les missionnaires sélectionnèrent quelques garçons parmi les plus brillants élèves et les envoyèrent poursuivre des études dans des écoles secondaires et, pour certains, à l'université, soit à Port Moresby soit en Australie. L'un devint professeur de mathématiques à l'université technologique de Lae, un autre ingénieur forestier etc. Les filles, elles, n'avaient pas été autorisées par leur famille à quitter la tribu pour être scolarisées en ville. C'était alors - mais ce ne l'est plus en 2005- impensable. Or à l'école certaines filles s'étaient montrées plus brillantes que les garçons dans l'apprentissage des mathématiques et de l'anglais. Le pire n'était pas là, mais dans un fait qui à l'époque avait beaucoup frappé les baruya. Au cours d'une épreuve "sportive" organisée à l'école, une fille avait courru plus vite que les garçons. Comment était-ce possible puisque pour les Baruya, les femmes sont par définition inférieures physiquement aux hommes, raison pour laquelle ceux-ci sont des guerriers et les femmes s'occupent des enfants, des jardins et des cochons. En fait, pour des motifs culturels associés à la construction de la domination des hommes sur les femmes, jamais - sauf dans leur petite enfance - garçons et filles n'étaient confrontés dans les mêmes épreuves physiques. D'où le cercle vicieux des arguments idéologiques. Comme les femmes Baruya n'avaient pas le droit de grimper aux arbres, elles ne savaient pas le faire. Mais pour les Baruya, si elles ne savaient pas le faire, c'était parce qu'étant femmes elles enétaient, par essence, incapables.
Je donnerais un autre exemple qui montre le caractère parfois à la limite du grotesque de certaines expérimentations destinées à découvrir les causes biologiques qui feraient que, dès avant leur naissance, certains individus seraient destinés à être des homosexuels, une minorité au sein de populations qui, elles, vivent une sexualité "normale", hétérosexuelle. Cet exemple, je le prends de nouveau chez les Baruya. Dans cette société, avant l'arrivée des Blancs, tous les garçons entre l'âge de 9-10 ans, où ils étaient brusquement séparés de leur mère et du monde des femmes, et l'âge de 20-21 ans, où ils se mariaient, entretenaient dans les maisons des hommes où ils vivaient à distance des villages des relations homosexuelles passives de 9 à 15 ans, actives ensuite. L'homosexualité entre jeunes gens, bien loin de les "déviriliser", était destinée à les surmasculiniser, à en faire des hommes au corps débarrassé de toute substance féminine, un corps plus lourd, plus fort, un corps de guerrier apte à défendre sa société et à la gouverner. Or ces relations homosexuelles devaient cesser dès qu'ils se marriaient et que leur sexe avait pénétré un vagin. On notera également que, dans cette société, comme tous les garçons devaient être homosexuels pendant une époque de leur vie, l'acquis, social et culturel, l'emportait sur les "prédispositions innées" à l'homosexualité.

Nos collègues primatologues ont d'ailleurs, depuis deux décennies, multiplié les preuves que les primates les plus proches de l'homme, les chimpanzés et les bonobos, s'adonnent spontanément, "naturellement", aussi bien à des rapports hétérosexuels qu'à des rapports homosexuels, ceux-ci étant plus fréquents quand les femelles ne sont pas en "chaleur". Si l'une de ces deux formes de sexualités est liée à la reproduction de l'espèce, l'autre ne l'est pas et est poursuivie pour la jouissance distincte qu'elle procure et non pas par le souci inconscient des individus de maximiser le succès reproductif de leurs gènes. On doit en conclure que si deux formes de sexualités existent dans la nature, l'une ne peut être normale et l'autre pathologique. Or cette double disponibilité sexuelle existe tout autant chez les humains, mais, pour des raisons évidentes, dans toutes les sociétés l'hétérosexualité est mise en avant sans que, dans toutes, l'homosexualité soit considérée comme une maladie ou une abomination, au contraire. Les biologistes qui cherchent les déterminations biologiques de l'homosexualité feraient bien de connaitre un peu plus l'anthropologie et l'histoire et de regarder également du côté d'autres espèces de primates vivant en société."

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Commentaires
E
LOL hahaha!! Je savais bien que ça allait te plaire la médaille d'or du CNRS, vu ton amour pour les symboles, je n'ai pas pu m'en empêcher Hihihi :o))<br /> <br /> Oh là là ma pauvre si tu savais, le pire c'est que j'ai raccourci le titre de mon DESS pcq normalement c'est "neuropsychopharmacologie et toxicomanies" :p <br /> Mais bon hein, généralement je dis neuroscience ou pharmacologie du cerveau ou neurotoxicomanie, pcq sinon il faut un élan de Ouf pour placer ça dans une conversation Houhouhouh et après tu sais même plus ce que t'étais en train de dire ;o)
L
Tiens, je l'ai vu y'a pas une heure, ce bouquin à la FNAC, mais comme j'achetais déjà "Humain, inhumain" de Butler et "L'un est l'autre" d'Elisabeth Badinter, je me suis dis que ça suffisait pour aujourd'hui ! [ok pour ce mois :( ]... D'ailleurs je comptais sur une certaine Elfe pour m'en servir quelques passages gratos :P !<br /> Bref il a l'air trés bien ce livre, et ça va me servir pour la philo !<br /> <br /> Sinon j'ai noté quelques choses intéressantes : <br /> "neuropsychopharmacologie" ça va, c'est trop trop difficile, dans la vie courante ? :P<br /> et<br /> "médaille d'or du CNRS" alors là houhouhou hahaha chapeau mdrr !<br /> <br /> ;-)
Chez la Fée
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